Laconic - Pensées en escalier
Provenant d’univers musicaux où l’on n’est pas habitué à dire « je » (BO de films, techno ambient), Nicolas Haas prend derrière le doux pseudonyme de Laconic le risque d’être prolixe.
Proche dans la démarche du « réalisme » de Mendelson et du ton intimiste de son chanteur Pascal Bouaziz, tourné autant vers le vide de soi que vers l’extériorité absente des autres, Nicolas Haas narre ce qui habituellement ne se raconte pas : « Ce vécu individuel de la vie quotidienne séparée », qui selon Guy Debord « reste sans langage, sans concept, sans accès critique à son propre passé, qui n’est consigné nulle part. » Luttant contre l'amnésie, Laconic, malgré une voix un peu courte et des compositions parfois inégales, témoigne avec ses machines asservies et ses guitares domestiquées du lyrisme discret de ces existences de douces désespérances, réussissant pour le coup à se tenir loin du mensonge du divertissement et « de la fausse mémoire spectaculaire du non-mémorable » (La Société du Spectacle).