Portraits de social-traîtres


Ils ont trahi leurs amis, leur famille, leur patrie, leur culture, leur art, parfois leur propre langue, ce sont des traîtres à toute cause sociale ; révolutionnaires ou non, ils se sont reniés pour devenir eux-mêmes. Ils sont dans Portraits de Social-traîtres, un recueil où l'on retrouve aussi bien Flaubert, Gauguin, Rimbaud, Céline, Guy Debord, Pierre Guyotat, que David Fincher ou Julien Coupat.

Flaubert, un Normand en Orient

«  Voyager (bien que ce soit un triste plaisir) est encore la plus tolérable chose de l’existence, puisque tout est impossible ici-bas, l’art, l’amour, l’argent, tous nos rêves, tout ce qu’on désire. » (Lettre à Aglaé Sabatier, 4 décembre 1859.)

Flaubert n’aimait pas la vie. À vrai dire, peu de choses trouvaient grâce à ses yeux, ni la vie, ni l’amour, encore moins son époque et ses contemporains. Seuls l’amitié et le voyage semblent l’avoir sorti un temps — avec la littérature — de son dégoût irrévocable pour l’existence. En 1849, alors qu’il se cherche encore en tant qu’écrivain, il entreprend avec son ami Ducamp un long voyage à travers l’Égypte, la Palestine, Rhodes, l’Asie Mineure, Constantinople, la Grèce et l’Italie. Il y expérimentera un autre rapport à l’espace, au temps et au corps qui bouleversera son projet d’écriture.

Lire la suite...

Nietzsche et les 120 ans du rock

Le rock n’est pas né, comme l’année 2004 tenait absolument à nous le faire croire, il y a cinquante ans aux États-Unis, mais bel et bien en Europe au dix-neuvième siècle. Plusieurs poètes, et non des moindres, comme Nietzsche, Rimbaud, Lautréamont, l’ont rêvé, en ont défini les règles et l’ont appelé de leurs vœux. Oublions Elvis Presley et la spoliation faite aux noirs, le rock est affaire de poésie et le premier rocker de la terre s’appelle Nietzsche. La preuve par le texte.

Lire la suite...

Guy Debord ou l’ivresse infinie

Bien plus qu’un simple «  problème », un vice ou même une maladie, l’alcool fut d’abord pour Guy Debord une véritable passion, celle de toute une vie, pourtant étrangement absente de son œuvre, à l’exception du dernier ouvrage, Panégyrique, paru en 1989, où il révèle dans des pages admirables son goût immodéré pour la boisson. Une passion qui le conduira jusqu’à la mort, puisqu’atteint de polynévrite alcoolique, maladie incurable, particulièrement douloureuse et handicapante (« le contraire d’une maladie que l’on peut contracter par une regrettable imprudence  »), il se suicide un soir de novembre 1994 d’un coup de carabine dans le cœur.

Lire la suite...

Fight Club, combat clandestin

« Notre grande guerre est spirituelle, notre grande récession, c’est nos vies. »

En adaptant Fight Club, le roman culte de Chuck Palahniuk qui glorifiait la violence faite à soi et aux autres, David Fincher n’a pas seulement mis en scène une critique radicale de la vie quotidienne occidentale, doublée d’une remise en cause brute de toute la culture américaine – et accessoirement réalisé l’un des plus beaux films de baston jamais produits par Hollywood –, il aura également accompli un film profondément nihiliste, atteignant dans son paroxysme aux sommets de la théologie négative.

Lire la suite...

L'insurrection qui revient de loin. Julien Coupat et le comité invisible

L’insurrection qui vient est ce petit livre édité à La Fabrique d’un « comité invisible » qui veut dresser sans aménité le tableau apocalyptique de l’effondrement de la civilisation occidentale sur elle-même. Rien n’ayant résisté à l’emprise totalitaire de l’économie sur le règne entier du vivant – ni la terre ni les hommes, ni la société ni les cultures, ni la ville ni les relations qui s’y défont inexorablement –, leurs auteurs anonymes à la marginalité revendiquée voient dans cette chute une chance inespérée de reconsidérer l’ensemble de la vie. 

Lire la suite...

Céline, le Salaud Absolu

Peu d’auteurs comme Céline se seront employés avec une telle opiniâtreté à se faire détester, et aucun – à part peut-être Genet – n’aura eu à ce point le courage de la lâcheté et de la trahison. Vil, méprisable, couard, raciste et nihiliste, Céline aura joué tous les rôles pour tenter d’échapper à l’esprit grégaire et si stupidement guerrier de son siècle atroce. Au terme d'une fuite effarée, au bout de l’humanité et de sa nuit sans fin, il aura finalement rejoint le destin de son personnage des débuts, le Ferdinand Bardamu du Voyage, recherchant comme lui à travers l’Histoire une impossible expiation au crime universel des hommes.

Lire la suite...

Gauguin le sauvage

Lorsque Gauguin embarque à bord d’un navire marchant en 1891 pour une traversée de deux mois à destination de la Polynésie française, il laisse derrière lui femme et enfants, travail, amis, camarades, compagnons de création et de misère. Mais ce qu’il fuit avant tout, plus que la pauvreté accablante de la Métropole, c’est la société elle-même, son travail aliénant, ses valeurs familiales réactionnaires, son conformisme affligeant, son mauvais goût absolu pour la pompe et les bains de sang – cette société qui vient de traîner Flaubert et Baudelaire en procès, qui ignore tout encore de Rimbaud et de Lautréamont, et qui va bientôt railler avec la même fatuité Manet, Van Gogh et Cézanne. Bien plus, c’est à la civilisation tout entière que Gauguin tourne le dos, et à sa grande édificatrice, la religion judéo-chrétienne, responsable à ses yeux, avec son labeur rédempteur, son ressentiment chevillé au corps et sa conscience honteuse, de la décadence de l’homme occidental.

Lire la suite...

Rimbaud, le traître éternel

« L’enfant  / Gêneur, la si sotte bête,  / Ne doit cesser un instant  / De ruser et d’être traître. »

Croyant fervent, athée résolu, premier de la classe, fugueur, fils indigne et faux frère, révolutionnaire convaincu, giton, maître-chanteur, expatrié et trafiquant d’armes, Rimbaud aura été l’homme de tous les reniements, mais plus encore que d’avoir dans une même dénégation renié Dieu et les hommes, la plus grande trahison – à coup sûr celle qu’on lui pardonne le moins – demeure celle qu’il a faite à la poésie, qu’il abandonne à vingt ans et qu’il abjure avant de mourir. Pourtant Rimbaud est resté fidèle toute sa vie à un rêve d’enfant et à une image pieuse : celui d’un homme partant à la découverte de pays inconnus, et celle d’Antoine, ermite perdu dans le désert, écartelé entre tentation et sainteté.

Lire la suite...

Pierre Guyotat ou le prostitué de Dieu

L’artiste selon Guyotat n’apparaît pas seulement comme un traître, un « vendu », qui a pour vocation de révéler ce qu’il ne faut pas dire, ou qu’il aurait fallu garder pour soi, « ce qui du Monde lui fait le plus horreur et honte », il est d’abord et surtout une prostituée, « un putain » qui doit assumer un corps qui par œuvre devient public, nommant et extirpant le mal du mieux qu’il peut, jusqu’à sacrifier toute existence sociale et sa vie même à cet idéal d’assomption de la parole et du corps.

Lire la suite...

BIOGRAPHIE

Frédéric Gournay est né en 1969 et habite Paris. Il est auteur de romans (La course aux étoiles, Le mal-aimant, Contradictions, Faux-Frère), de divers essais (sur Rimbaud, Nietzsche, Céline, Gauguin, Flaubert, Guy Debord ou encore Pierre Guyotat). Il a également publié dans la presse et sur internet des articles et des critiques, rassemblés dans des recueils intitulés Chroniques des années zéro, Textes en liberté et Futurs Contingents.

Portraits de social-traîtres
Disponible à l'achat
en numérique
auprès des librairies en ligne :

 

 

 

 

 

Abonnez-vous à la newsletter

>> Switch from mobile to full layout >> Switch from full layout back to mobile