Primaa - le théorème des ondes
On connaissait Nicolas Haas, alias Laconic, pour son album chanté Pensées en escaliers, repéré et chroniqué ici même pour sa singularité et le courage de sa retenue ; le voici de nouveau sous notre attention avec Primaa, version instrumentale et cinématographique de ses intériorités tourmentées.
Plus organique et plus habité que Pensées en escalier, du fait même de l’absence de mots et du chant, Le théorème des ondes réussit à faire résonner à travers onze morceaux aux noms obscurs toute l’inquiétante étrangeté du monde, avec ses disparitions arbitraires et ses destins impensables, dans des compositions claires obscures qui dévoilent autant qu’elles recouvrent, laissant émerger dans l’auditeur qui s’y livre les nombreux sentiments mélangés de l’existence.
Comportements vibratoires aux confins de la matière
Mais là où Nicolas Haas se révèle le plus doué, c’est dans cette capacité à nous faire écouter une musique qui laisse entendre le silence, ou notre petite musique intérieure, à utiliser des sons qui tendent vers leur propre disparition, de la même manière que le mouvement tend au repos, la parole au silence, la guerre à la paix et l’amitié à la solitude, comme l’a si bien écrit Plotin. Que la musique fasse plus référence au silence qu’au bruit, que la vie ne soit palpable qu’au contact immatériel du néant et non simplement dans le plaisir qui isole et abrutit, c’est ce que révèle Primaa qui, restituant le révolu, se maintient dans la temporalité unique de la musique, entretenant le seul dialogue possible dans l’art – sans vouloir employer des grands mots ou vous faire peur – avec l’absence et la mort.