L’ineptie insondable de la Météo

Quand la météo ne se trompe pas, elle passe son temps à entourer son discours d’une caution pseudo-scientifique qui n’explique rien. On ne regarde plus le ciel, on regarde une conne parler d’anticyclones.

Le principal sujet d’intérêt des Français est, on le sait, le temps qu’il va faire. Des heures à parler du vent, avec le voisin, le boucher, le boulanger, avec la famille ou les amis. Au point que TF1 ou le Parisien n’hésitent plus à faire leur une avec des titres aussi cruciaux que « y’a plus de saisons », « mais où est passé l’été ? », « quel temps pourri », « la saison est fichue » ou encore« quelle canicule ! », loin devant le Kosovo, les conflits israélo-arabes ou le dernier prix littéraire. Tous les médias en font autant, à la télévision la météo ouvre et clôt le journal, étant bien évidemment l’information la plus fondamentale de l'existence, celle dont dépend il est vrai notre façon de s’habiller ou notre week-end à la campagne.

Une fiabilité plus qu’incertaine

Pourtant, la météorologie nationale, malgré ses prévisions et ses ordinateurs super-puissants, se trompe souvent. Impossible d’avoir des chiffres, aucune enquête n’est dévouée à ce genre de statistiques. Pas moyen de savoir l’indice de fiabilité quant aux prévisions. Pudiques, les présentatrices météo ont encore un peu de mal à reconnaître qu’elles disent parfois des conneries. Elles ont beau entourer leurs prédictions d’un discours pseudo-scientifique de plus en plus compliqué – comme pour les pub de lessives, de dentifrices ou de crème anti-âge – on perçoit de moins en moins la pertinence de leurs arguments. On ne peut que constater empiriquement leurs erreurs quotidiennes lorsque l’on se retrouve à ruisseler de sueur avec un gros blouson de cuir dans les transports en commun, ou trempé en t-shirt sous la pluie devant un cinéma.

Une soumission aveugle à des phénomènes qui les dépassent

Le plus énervant n’est pas tant leur sourire stupide et crispé et leur voix haut-perchée qu’elles se sentent obligées d’accentuer jusqu’au ridicule pour tenter de mettre un peu de joie et de bonne humeur au terme d’un journal souvent dramatique, mais bel et bien leur prétention à délivrer une information sur des manifestations climatiques dont l’importance ne doit être ignorée de personne. Sur France 3, elles partagent même le plateau et sont interviewées par le journaliste au moindre petit soubresaut météorologique. Il faut remarquer qu’ils vont bien ensemble, les journalistes et les connes, unis par cette acceptation commune de phénomènes qui les dépassent et qu’ils prétendent comprendre – et nous expliquer. Que ce soit à propos de la politique, de l’économie, des faits de société ou de la météo, il est toujours délicieux de voir des personnes s’arroger un pouvoir qu’ils n’ont pas et se tromper en toute bonne foi.

BIOGRAPHIE

Frédéric Gournay est né en 1969 et habite Paris. Il est auteur de romans (La course aux étoiles, Le mal-aimant, Contradictions, Faux-Frère), de divers essais (sur Rimbaud, Nietzsche, Céline, Gauguin, Flaubert, Guy Debord ou encore Pierre Guyotat). Il a également publié dans la presse et sur internet des articles et des critiques, rassemblés dans des recueils intitulés Chroniques des années zéro, Textes en liberté et Futurs Contingents.

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