Beatles - Best-of

John Lemon et Paul Mc Arthy ? C’est qui ces blaireaux  avec des têtes de premiers de la classe qui sourient bêtement aux photographes ? Top ringards avec leurs costumes de garçons d’étages, on dirait un boy’s band façon Barbie et Ken de chez Matel. Quoi ? une compil’ de 27 numéros 1 aux États-Unis et en Angleterre ? C’est quoi c’te hallu ?

Moi, j’écoute qu’Offspring et Metallica. C’est mes groupes préférés. J’les ai vus déjà trois fois chac’ en concert. À leur quatrième tournée, j’espère bien devenir sourd. J’écoute ça à donf, ça fait chier mon pater avec lequel j’ai pas parlé depuis six mois. L’autre jour, il rentre dans ma chambre – sans frapper ça m’énerve ça – et il m’dit  : « Écoute ça, petit. Ça va te nettoyer les oreilles. » J’pécho le squeud et je m’fous d’sa gueule  : « woua, c’est quoi ce disque qui date d’avant les années 90 ? C’est l’âge de pierre, c’est avant Nirvana, c’est ça ? C’est ringard-land ! T’inquiètes, J’vais l’écouter ton coton-tige. » J’mets le squeud et là, l’hallu.

Jamais on ne m’avait parlé si gentiment

« LoOove, love me do » qu’elle fait la première song. C’est tout gentil, putain la honte au lycée si j’dis que j’écoute ça. Pourtant c’est tout cool, avec de l’harmonica et des jolies voix. À peine deux minutes et ça s’enchaîne, « She loves you, yeah, yeah, yeaaah », j’sais pas c’qui s’passe, mais ça me fait du bien. « Can’t buy me loOove » Ouais, t’as bien raison bonhomme. Qu’est-ce qui m’arrive  ? J’ai la guibole qui tremble comme la gueule de Dick Rivers à la télé. Woua, solo ! « It’s been a  hard day’s night », « Help miiiii », j’sais pas ce qui se passe, ma tête se secoue dans tous les sens, comme pour faire pousser mes cheveux jusqu’à la frange ! Putain, ça l’fait grave. Mes fesses bougent toutes seules, mais pas ensemble. « PaaaperBaaack writer », vas-y Polo, « We can working it oOout », allez Jojo !

Du Oasis, mais en mieux

J’me fais deux tartines de Nutella et un grand verre de lait et c’est reparti. “ Yesterday, all my trouble seems so far away… ” Jamais on m’avait parlé comme ça… c’est trop beau, ces mélodies. Un peu de douceur dans un monde de brutes sonores. Maman ouvre la porte – elle a pas frappé mais elle, je lui en veux pas – les larmes aux yeux, elle dit en souriant que ça lui rappelle ce que chantait sa mère quand elle était p’tite. Attends Môm, j’monte le son, c’est pour toi. « YelloOow submarine », hou la, trop défoncés les gars sur c’coup là. «Let it be », « all you need is love, patatatataaaa »,  putain, c’est beau. On dirait le groupe que m’a fait écouter Sophie au bahut (j’l’aime bien Sophie, elle aussi, elle m’parle gentiment…) Ah oui, « Oasis », le groupe des deux frères débilos. Mais en mieux. Putain l’hallu. Hé p’pa, faut qu’on parle, tu sais. J’savais pas que grand-père avait si bon goût. Et si on allait les voir en concert  ? C’est quand leur tournée ?

BIOGRAPHIE

Frédéric Gournay est né en 1969 et habite Paris. Il est auteur de romans (La course aux étoiles, Le mal-aimant, Contradictions, Faux-Frère), de divers essais (sur Rimbaud, Nietzsche, Céline, Gauguin, Flaubert, Guy Debord ou encore Pierre Guyotat). Il a également publié dans la presse et sur internet des articles et des critiques, rassemblés dans des recueils intitulés Chroniques des années zéro, Textes en liberté et Futurs Contingents.

Portraits de social-traîtres
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