L’érotisme caché des sites féminins

Les sites les plus excitants au plus grand potentiel masturbatoire ne sont pas ceux que l’on croit. Ce ne sont pas ejac-facial.com ou le site des-femmes-amputées-en-bas-résilles (oui, ça existe ; non, je ne vous donnerai pas l’adresse) mais bel et bien les forums de discussions sur la sexualité de sites très respectables consacrés à « l’Éternel féminin. »

Rappelez-vous. Vous n’aviez pas treize ans que vous piquiez déjà les numéros de Biba, de 20 Ans et autres Elle à votre sœur ou à votre mère pour lorgner en douce les dossiers attenants à la sexualité de ces êtres étranges, les femmes. Ces émotions solitaires et intenses de la puberté, vous pouvez désormais les revivre sur Internet. Grâce à des sites comme aufeminin.com, et à son forum « sexualité et technique », vous aurez le bonheur de redécouvrir ce que les femmes pensent du sexe, de la façon dont elles en parlent et comment elles le vivent.

Femmes entre elles

Ah, messieurs ! Quel bonheur de surprendre les filles entre elles, discuter de cul, sans ambages ni censures, donnant successivement leurs avis éclairés sur la sodomie, la fellation, les pratiques sado-maso ou les godemichés. Avouons-le, l’érotisme qui se dégage de ces échanges libérés des habituelles vulgarités masculines est tout simplement irrésistible. La connivence et l'intimité non feinte concernant les sujets les plus crus ne sont pas sans provoquer chez les lecteurs des deux sexes (certaines femmes avouent se toucher en lisant les forums…) un trouble et une excitation auxquels ne parviendront probablement jamais salopes.com ou defoncemoncul.net.

La femme est un cochon comme les autres

Au sein de ces délicieux forums à la délicate obscénité, vous pouvez glaner des phrases telles que : « Je rêve de me faire sodomiser, mais je n’ose pas lui demander », « Moi, c’est l’odeur qui m’inquiète » ajoute une amie virtuelle. Ou encore : « le goût du sperme, j’aime bien, mais pas des litres » (quelqu’un lui en a-t-il proposés ?), « J’ai acheté des boules de Geisha, mais elles tombent tout le temps », « Serre les fesses » lui répond-on bienveillant. Délicieux, on vous le disait. Tragi-comique également, parfois : « j’ai quarante ans et je suis encore pucelle. Que dois-je faire ? », « Jouir sur la figure, doit-on accepter? » Bien évidemment, toutes ces femmes, on les imagine très belles, lascives et seules, sur leur canapé, tapotant négligemment de leurs doigts humides le clavier de leur portable troublé, et non pas en ménagères esseulées de plus de cinquante ans et de quatre-vingts kilos qui auront troqué leur minitel rose contre le Net. Qu’importe après tout, l’absence d’images et la puissance évocatrice du texte ne faisant que renforcer l’excitation irrépressible des plus imaginatifs. Gaffe au clavier tout de même.

BIOGRAPHIE

Frédéric Gournay est né en 1969 et habite Paris. Il est auteur de romans (La course aux étoiles, Le mal-aimant, Contradictions, Faux-Frère), de divers essais (sur Rimbaud, Nietzsche, Céline, Gauguin, Flaubert, Guy Debord ou encore Pierre Guyotat). Il a également publié dans la presse et sur internet des articles et des critiques, rassemblés dans des recueils intitulés Chroniques des années zéro, Textes en liberté et Futurs Contingents.

Portraits de social-traîtres
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