Snoop Dogg – Tha Last Meal
Incroyablement sensuel, lascif et salace, le dernier SnoopDogg est à la hauteur de sa (mauvaise) réputation, et démontre avec élégance que les bandits ne sont pas ceux que l’on croit.
« Snoop Dogg fait son grand retour. » Ce n’est pas un slogan d’une pub de la maison de disque ou une suggestion plus ou moins obligée de dossier de presse, c’est une réalité tangible, tenable entre les mains et les oreilles, et qui porte le nom évangélique de Tha Last Meal. Pochette bad draw, gros son de l’inévitable Dr Dre, « biiittch », « Gun » et « mothafucker » à toutes les rimes, alcools et blunts à chaque refrain, jusqu’au What’s My Name repris en part two, tout est fait dans l'album pour rappeler le mythique et fondateur DoggyStyle, album prodigieux qui permit il y a quelques années à Snoop Dogg de s’imposer dans le milieu des affaires musicales.
Un si magnifique criminel
Le dernier repas de Snoop Dogg, gangster éloquent et élégant, bad boy raffiné et subtil, est un festin sans pareil, régalant les frustrés du Hip-Hop US comme les aficionados du Gangsta Rap, ceux qui ont compris depuis longtemps que la pose du bandit n’était pas l’attitude du macho-sexo-raciste des abrutis de la musique grégaire, mais bien la tenue du juste au-dessus des codes, des lois et de la vie, au-delà de tout jugement moral car se sachant – contrairement à G. W. Bush par exemple – un criminel magnifique qui assume son destin, se permettant ainsi de donner des leçons de morale à tous les hypocrites qui n’ont pas le courage de leurs vices et de leurs vertus. « L’assassin le plus endurci et le plus impénitent sait pourtant qu’il est un criminel tandis [que d’autres] ne veulent même pas se reconnaître criminels et pensent à part soi qu’ils ont eu raison… et même qu’ils ont bien agi, ou ils n’en sont pas loin. » (Dostoïevski.)