MENDELSON. Quelque part
Il y avait la littérature de Michel Houllebecq, l'esthétique des grands ensembles, la « métaphysique de banlieue » ; voici désormais la musique de Mendelson, possible illustration avec son acoustique de cité et ses guitares périphériques des Particules élémentaires. Avec Mendelson, pas de breaks qui tuent, de solos renversants ou de performances vocales, tout est en nuances électriques, en délicates monotonies rythmiques ; entre le parlé et le chanté, racontant avec une émotion touchante l’existence des personnes de peu de vie, leurs abandons, le manque, le vide ou l’absence, non sans une ironie discrète qui prévient toute affliction.
Tu n’y arriveras jamais
Certes, ceux qui ont peur de leur propre tristesse et qui sont démunis face à leur désespoir pourront toujours trouver trop sombres et trop tristes ces chansons au cœur du réel, s’égarant avec trop de complaisance dans les trains de nuit, le brouillard, les terrains vagues ou les femmes entre deux âges, mais le refus du spectaculaire et l'exigence « réaliste » constituent bel et bien la richesse inestimable de Mendelson, qui chante comme personne « qu’il n’y a pas de concours, pas de trophée », que « tu es un homme, tu n’es rien d’autre » et que « si tu n’y arrives pas maintenant, tu n’y arriveras jamais », trouvant ainsi le meilleur remède contre l’escroquerie sans cesse recommencée du bonheur marchand.