Eveil

Grains, doux, durs, draps, papier peint, épaisseur sensuelle des choses, texture de la matière, lumière du jour qui filtre, cillements des yeux, battement de paupières. L’œil s’ouvre, la pupille se contracte, reçoit sans comprendre l’image des choses qui l’entourent. Sensation désarticulée de la position du corps, saisie graduelle de son emplacement, des objets qui occupent la pièce, regards égarés sur la chambre qui se règlent peu à peu selon l’ordonnancement de la veille. Premières pensées, éclats de vérités, sur la situation : saugrenue, un peu grotesque, voire franchement vulgaire, manquant résolument de finesse, en tout cas dépourvue de toute forme de perfection. De quoi est fait le tissu de la réalité, la trame de ce monde bizarre ? Tout cela n’aurait-il pas pu être autrement ? Éclairs de conscience, attestation réitérée de son émergence partielle et matinale Témoignage de sa naissance recommencée, de sa réincarnation quotidienne. Le temps de se recentrer, de se rassembler, et c’est perdu. Encrage dans le réel, position debout, stature incertaine mais verticale : retour parmi les hommes et à leur société vacante, à leurs exigences désuètes et puériles, à leur bordel innommable. Tout est perdu. Attendre demain que la perception de la sensibilité en déroute revienne d’elle-même en morceaux épars et éclatés

 

BIOGRAPHIE

Frédéric Gournay est né en 1969 et habite Paris. Il est auteur de romans (La course aux étoiles, Le mal-aimant, Contradictions, Faux-Frère), de divers essais (sur Rimbaud, Nietzsche, Céline, Gauguin, Flaubert, Guy Debord ou encore Pierre Guyotat). Il a également publié dans la presse et sur internet des articles et des critiques, rassemblés dans des recueils intitulés Chroniques des années zéro, Textes en liberté et Futurs Contingents.

Portraits de social-traîtres
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